Nessrine MENHAOUARA, Mon Engagement !

MON EDITO


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LA MIXITE SOCIALE

 

La mixité sociale  fait référence à la coexistence sur un même espace de personnes ou de groupes différents socialement, culturellement ou encore d'âges, d'origines et de nationalités différentes. Derrière cette notion, se cachent des questions très concrètes de rapports entre ces groupes, de leur place dans l'espace public, de leur participation aux échanges sociaux et finalement de la vie de la cité. Apparaissant  comme un envers à la ségrégation, la mixité sociale permettrait l'émergence de quartiers hétérogènes peuplés d'habitants différents par leur revenus ou leur origines. Érigée en objectif politique, elle renvoie à un idéal de société qui préserve la cohésion nationale et garantit l'égalité des chances. Elle est porteuse de nos valeurs républicaines.

 

En France ce concept est indissociable de la politique d'urbanisme. 

Dans les années 60, l’émergence de grands ensembles  avait pour objet de pallier à la crise du logement, de répondre à l’afflux des provinciaux vers les centres industriels et de loger les rapatriés d'Algérie.Les premiers habitants étaient issus de la classe moyenne ou appelés à y rentrer.

Cependant divers évènements vont les inviter à quitter ces logements :

 

- le recours plus facile au crédit immobilier

- l'adoption de la loi 1965 sur les immeubles bâtis qui a stimulé la construction d'immeubles en copropriétés le plus souvent dans les centres villes en cours de rénovation

- la réforme du statut juridique des lotissements

- la construction des zones pavillonnaires dans les zones périurbaines

 

Les logements sociaux ainsi libérés par les ménages les plus aisés sont alors attribués aux familles les plus défavorisées parmi lesquelles des familles issues de l'immigration (lois sur le regroupement familial), le tout sur fond de récession économique. La ségrégation se mettait en place. Pour combattre ce phénomène, des programmes de rénovations urbaines mélangeant  dans un même quartier des logements sociaux et des logements en copropriété ont été mis en oeuvre dans un certain nombre de villes.

Dans les années 1990-2000, plusieurs lois d'urbanisme ont incité les communes à construire des logements sociaux. La loi SRU  a imposé d'ailleurs une amende à celles  insuffisamment dotées en logements sociaux.

 

Quel constat pouvons nous faire à l'issue de ce bref historique des politiques de développement territorial ?

 

Longtemps considérées comme des lieux de croisement et de mélange, les villes sont aujourd'hui regardées comme les théâtres d'une désagrégation du lien social.

Les plus aisés mettent de plus en plus explicitement en scène leur volonté de se tenir à l'écart des pauvres, avec notamment le développement des ensembles d'habitation privés et sécurisés.

Chacun recherche un contexte résidentiel jugé plus propice à son épanouissement et à celui des ses proches. A contrario, la concentration territoriale des familles les plus défavorisées n'est pas le résultat d'une stratégie de leur part.

Ils n'ont en effet pas d'autre choix que de rester dans leur quartier du fait de revenus trop faibles et d'une inflation immobilière galopante.

Les habitants de ces quartiers souffrent  d'un accès dégradé aux services et aux équipements urbains.

Leur éloignement par rapport aux zones où sont présents les emplois accroît les difficultés d'accès au marché du travail. Les coûts de déplacement peuvent rapidement devenir prohibitifs et constituer un obstacle tant à la recherche qu'à l'acceptation d'un emploi.

 

Les employeurs de leur côté peuvent également être réticents à embaucher des individus qui résident dans des quartiers défavorisés. Ils subissent également des inégalités dans l'accès à l'éducation ce qui met en péril un projet central de nos sociétés à savoir assurer l'égalité des chances. Le départ des familles moyennes détériore la qualité de l'école ce qui incite d'autres familles à quitter  ces quartiers et donne naissance à un effet "boule de neige".

Le phénomène est d'autant plus préoccupant qu'en enfermant le présent, les fractures territoriales verrouillent aussi l'avenir des individus et les assignent à des destins sociaux écrits à l'avance.

Mais la ségrégation urbaine en France ne se limite pas à quelques centaines de quartiers dévastés par l'échec et la pauvreté. Ceux ci ne sont en effet que la conséquence la plus visible de tensions séparatistes de toutes les classes sociales car les mécanismes de ségrégations traverse toute la société. Sur ce sujet précisément, je partage les conclusions de l'enquête sur le séparatisme social menée par ERIC MAURIN et publiée dans la collection République des Idées au Seuil.

 

Cette étude révèle une société à la fois fragmentée et figée, hantée par la peur du déclassement, marquée par la défiance et la recherche de l'entre soi.

Elle fait apparaître en chacun de nous un complice plus ou moins actif de la ségrégation urbaine, tout en restant farouchement attaché à l'idée de mixité sociale….mais pour les autres !

Paul BLANQUART dans son livre "Une histoire de la ville pour repenser la société écrit que " La ville est aujourd'hui malade, et la société aussi; et il semble qu'elles souffrent de la même maladie"

La métaphore de la maladie de la ville ou de la société recoupe exactement celle du corps social incarné dans la ville : avec un cœur  (de ville), des artères (rue et avenues), un poumon (de verdure) un tissu (urbain) des flux (de circulation), des agents pathogènes, un visage de la ville, une identité urbaine etc. Si la ville est malade, c'est que le corps social est malade.

Comment  soigner alors ce corps malade ?

Le remède serait la mixité sociale : elle apporterait les éléments dont a besoin ce corps social malade pour se soigner : le mouvement, le brassage, la mobilité, le côtoiement, le désenclavement, l'ancrage, le sentiment d'appartenance à la communauté, l'équilibre, la fierté.

 

Pour résumer brièvement la problématique, Paul BLANQUART a recours au syllogisme suivant : il y a des problèmes sociaux, or la société est urbaine donc les problèmes sociaux sont des problèmes urbains.  Si nous agissons sur l'espace urbain, on règle les problèmes sociaux...

Le raisonnement est séduisant mais on nous l’avons vu précédemment inefficace dans son application. N'est ce pas d'ailleurs cette analyse un peu trop simpliste qui explique en partie les échecs des politiques  menées depuis 30ans ? 

Aujourd'hui les vertus prêtées à la mixité sociale sont de plus en plus contestées par les spécialistes de l'urbain.

Mais doit-on pour autant défendre des formes de vie qui se rapprochent de l'entre soi  et du communautarisme au motif que la mixité sociale ne tient pas toutes ses promesses ?

De plus en plus de chercheurs considèrent que l'enjeu est avant tout la solidarité redistributive et que cette solidarité ne passe pas nécessairement par un mélange social plus ou moins imposé.

Le pouvoir d'achat reste le principal clivage de notre société plus que tout autre considération.

De plus  il semblerait que la référence constante à la mixité sociale freine les politiques de redistribution ou les dénature.

Dans le domaine de l'éducation par exemple la France est loin de réaliser des progrès significatifs en faveur des quartiers populaires. Les zones d'éducation prioritaires ont  à peine permis de compenser les inégalités dont souffrent ces quartiers en raison de la présence d'enseignants moins expérimentés et trop souvent désireux de poursuivre leur carrière ailleurs.

D'autre part la référence à la mixité sociale nourrit une représentation des quartiers populaires comme lieux à détruire plutôt que comme lieux à valoriser. Paradoxalement le discours sur la mixité sociale fait des quartiers populaires des espaces pathologiques.

Ce faisant, la société renvoie aux habitants de ces quartiers une image d'eux -mêmes qui est d'une grande violence symbolique.

Être constamment désignés comme les habitants de quartiers difficiles ou des zones de non droit n'aide pas à se sentir reconnus : on ressent plutôt le mépris.

Les émeutes récurrentes dans ces quartiers ont montré l'intensité de ce sentiment et à quel point il pouvait être destructeur.

 

En conséquence il est peut être temps de repenser les politiques publiques sur une base différente : en admettant que la question principale n’est pas une mixité sociale et culturelle pensée de l’extérieur mais un problème de redistribution des richesses produites, peut être pourrait on réorienter plus utilement les masses considérables d’argent public versées pour un effet médiocre depuis une trentaine d’années. La « diversité » est une richesse dans les milieux aisés qui sont les promoteurs de la mondialisation  et sert de bouc émissaire dans les cités prolétariennes. On voit bien que le point de vue change en fonction du pouvoir d’achat.

 

 J’en tire la conclusion  que la lutte principale pour un/une élue socialiste est celle du travail pour tous, d’un salaire basé sur une juste redistribution et in fine ce de qui est au cœur du projet social-démocrate : la croissance partagée. 

 

C’est pourquoi je soutiens le projet de ville menée dans notre commune, projet qui a comme axe essentiel le désenclavement par l’arrivée du tramway et la relance économique au travers de l’implantation de grandes entreprises à forte valeur ajoutée sur notre territoire.

Couplée à une rénovation urbaine qui prend en compte les aspects environnementaux, cette politique de dynamisation du tissu économique améliore l’attractivité de Bezons sans en chasser les classes populaires.

 

Je crois que la politique gouvernementale de redressement de la France, apportera un élan décisif pour achever la mutation de Bezons sans en dénaturer le caractère originel.

 

 

 

 

 

 

 


27/11/2011