Nessrine MENHAOUARA, Mon Engagement !

BEZONS, VILLE D'AVENIR

De la « diversité » à la Citoyenneté plurielle.

Depuis 1789 et la révolution Républicaine, la Gauche a été le moteur de la transformation sociale. Elle a maintenant le devoir d’accompagner la révolution multiculturelle issue du brassage de populations liées aux migrations postcoloniales. La Convention pour l’égalité réelle du Parti Socialiste a adopté un texte prévoyant le droit de vote aux étrangers non communautaires pour les élections locales, la généralisation du CV anonyme, etc...

Il importe de mettre en œuvre aujourd’hui ces décisions, en respectant un calendrier raisonnable, compatible avec la réalité de la crise, mais volontariste quant à ces objectifs.

En articulant la question sociale et la question de la diversité sans subordonner l’une à l’autre, nous pouvons faire entrer ce combat pour la justice dans une ère pluridimensionnelle. Pour nous Socialistes, autonomiser la discrimination de la question sociale est un enjeu majeur.

En même temps que nous relançons une grande politique sociale, nous devons éradiquer les discriminations, faute de quoi cette politique se mènerait en pure à perte. Car il y a deux réalités : la difficulté pour les plus modestes à obtenir un diplôme, et le fait qu’à même diplôme, un noir, un arabe ou un demandeur d’emploi issu d’un quartier a deux fois moins de chances d’obtenir un entretien.

Avant de dépenser l’argent du contribuable pour réparer l’ascenseur social, il faut au préalable s’assurer que l’étage auquel s’ouvre l’ascenseur est ouvert à tous nos enfants. Car l’anti-racisme de posture ne doit pas nous dispenser de proposer des mesures concrètes contre la discrimination. Si l’anti-racisme repose sur le fait de ne pas voir la couleur de l’autre, la lutte contre la discrimination implique, au contraire, de pouvoir nommer ce qui discrimine. De même qu’on ne lutte pas contre le chômage sans statistique, si la couleur, le patronyme, le quartier, qui sont des éléments déterminant l’exclusion, ne peuvent pas servir de mesure à l’efficacité de nos politiques d’intégration, au nom d’un principe anti-raciste qui se retourne contre celles et ceux qu’ils veulent protéger, ces politiques seront vouées à l’échec.

On pense comprendre la situation des minorités visibles en la comparant à celle des petits-fils de l’immigration européenne. C’est oublier que ces derniers n’ont plus à subir - à la différence de ceux dont la différence est visible - les discriminations qui touchaient leurs grands-parents. Un petit-fils d’Espagnol ou de Polonais n’est pas délégitimé comme Français, en étant par exemple contrôlé au faciès, à la différence, par exemple, de l’Antillais, dont le grand-père ou même l’arrière grand-père était déjà citoyen français...

Dans des sociétés vieillissantes, où les plus de 60 ans sont de plus en plus nombreux, la Droite et ses thèmes de prédilection - l’ordre, la stabilité identitaire - sont en mesure de séduire un nombre croissant de votants. La Gauche doit aujourd’hui offrir un contenu politique renouvelé : une Laïcité ouverte qui n’apparaisse plus comme hostile à l’identité musulmane, l’engagement d’une action positive contre-discriminatoire, l’abandon de concepts empruntés aux éléments les plus réactionnaires de notre société ("défaut d’intégration", "communautarisme").

Enfin, dire que nous serons plus forts en libérant les énergies issues de nos différences. Que notre identité n’est pas une stabilité figée autour d’une seule couleur, d’une seule tradition et de dix héros nationaux. Le fait que nos ancêtres ne soient pas seulement des Gaulois nous rend plus créatifs au sein du monde, et la France des Lumières a un projet suffisamment fort pour accueillir en son sein une véritable citoyenneté plurielle.

Bonne lecture et à bientôt sur le terrain.