QUAND LA POLITIQUE EDUCATIVE D'UN PAYS NE RIME PLUS QU'AVEC ECONOMIE.
Les chiffres des réductions de postes au sein de l'éducation nationale pour 2012 viennent de tomber. Pas moins de 14 000 postes seront supprimés (5 700 dans le primaire, 6 550 dans le secondaire, 400 dans l'administration (et 1350 dans le privé)).
L'académie de Versailles est la deuxième académie à subir l'attaque la plus forte dans le secondaire, 495 postes seront supprimés à la rentrée 2012, et encore une fois, fort est à parier que notre département, malgré les difficultés sociales qui s'y accumulent, ne sera pas le moins touché.
Les conditions de travail pour les enseignants et les élèves se sont fortement dégradées sur les trois dernières années. La politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux dans le publique sans distinction a amené le gouvernement :
- à sacrifier le pool de professeurs remplaçants en 2009, avec la conséquence de ne plus assurer le remplacement de professeur absent pour maladie ou congé maternité ; quitte à ce que les élèves perdent jusqu'à 6 mois de physique chimie et 5 mois d'enseignement de français (collège Philippe Auguste de Gonesse et ceci n'est qu'un exemple).
- à sacrifier la formation des nouveaux professeurs à la rentrée 2010, dans le seul but que le nouveau retrait de 12 000 postes soit moins visible.
A la rentrée 2011, les marges de manœuvre devenant quasi-nulles, il a bien fallu se résoudre à une chute importante du nombre de classes. Des fermetures de classes prises aux derniers moments dans notre département alors que les professeurs avaient été nommés, les équipes pédagogiques constituées, les emplois du temps fixés. Il a fallu tout refaire dans de nombreux établissements du bassin d'Argenteuil et trouver des places de dernières minutes aux enfants, dont les parents avaient demandé des dérogations. Une politique de rustine et de précipitation imposée à l'éducation nationale, à l'éducation de nos enfants. Peut-on accepter ça?
Le nombre d'élèves par classe a donc fortement augmenté en cette rentrée. De la maternelle au lycée, des classes pour beaucoup surchargées, certaines comptent entre 28 et 35 élèves.
Comment alors répondre aux normes de sécurité quand les classes sont prévues pour 24 et qu'on est obligé d'y loger 30 élèves de sixième?
Comment assurer une égalité de traitement des élèves et un enseignement de qualité pour tous?
Que répondre à des parents qui demandent que leur fille "ait la place qu'elle mérite dans la classe", "une place convenable", alors que vous avez seulement 24 places "convenables" en salle de sciences et qu'il faut mettre quatre élèves le dos courbés au fond de la salle, aux places prévues pour les fauteuils roulants ; et ajouter entre les paillasses des élèves et du professeur des petits tables pour les deux élèves qui restent - ceci en sachant pertinemment qu'ils verront très mal le tableau et ne pourront pas y réaliser de travaux pratiques ?
A la rentrée 2012, 14 000 postes seront à nouveau supprimés, dont 495 pour le secondaire dans notre académie. Quelles vont être les nouvelles conséquences de cette politique du chiffre qui s'applique sans aucune réflexion, aucun discernement et sur le dos de nos enfants?
Laetitia Hivert, professeur au collège sur le bassin d'Argenteuil.
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